Ó mon petit Marcel

Quatre poèmes brésiliens sur Proust

Résumé

En 1920, Paul Morand a publié une ode controversée à son ami Marcel Proust. Malgré sa grande musicalité et la sophistication de ses rimes internes, le poème a été vu par l’auteur de la Recherche comme une caricature de mauvais goût de sa vie privée. Il n’aurait jamais pu l’imaginer, mais plusieurs poètes brésiliens ont suivi le même chemin que Morand et ont aussi écrit des poèmes en son hommage. Augusto Meyer a décrit une expérience de lecture de la Recherche dans les pampas gauchos ; Jorge de Lima a regretté le fait que Proust n’ait jamais visité la région du sertão, dans le nord-est brésilien ; João Cabral de Melo Neto a résumé, avec l’austérité de sa poesia do menos, l’élaboration complexe du roman ; et Cláudio Murilo Leal, dans des vers similaires à ceux de Drummond, a raconté comment Proust a marqué la vie de son je lyrique et a déterminé sa formation esthétique. À partir d’une lecture comparée de ces quatre poèmes, nous avons cherché à démontrer que la résonance de la Recherche au sein de la littérature brésilienne moderne ne s’est pas bornée au genre romanesque, qu’elle s’est manifestée aussi dans la poésie et était présente dans les courants de pensée artistique les plus variés (et parfois antagoniques).